Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
DOLLYBAO
11 août 2004

J'ai la verve en feu.

Mercredi 11 août 2004.

 

Mes petits lapins.

 

Souffrez aujourd'hui, contrairement à l'accoutumée, si tant est que l'on puisse qualifier de coutumière une démarche initiée il y a moins d'une semaine, souffrez donc de ne pas trouver aujourd'hui votre chronique quotidienne. Ne me taxez pas de flemmardise, même si, amoureux du travail bien fait, j'ai pour habitude de le laisser faire par d'autres plus doués, cette chronique existe réellement.

 

Seulement, à la relecture précédant la mise en ligne, j'ai trouvé ce joyau si bien ciselé, ses reflets moirés bistrant d'une irréelle luminosité les facettes de ma brillante plume, que je n'ai pu me résoudre à vous la faire partager.

L'idée même de régaler de ma gelée royale les porcelets de votre espèce m'a insupporté au plus haut point. (Vous constaterez au détour que je ne me prends pas pour de la merde.).

 

Non, cette chronique, je me la réserve. Je vais la soumettre à Frédéric Beigbeder, dans l'espoir qu'il m'accepte comme poulain en son écurie, à l'instar de Nicolas Rey, car après tout je suis moi aussi parfaitement capable de débiter des réflexions ineptes dans les émissions de Franz-Olivier Giesbert.

 

Certes, je ne porte pas avec une telle élégance la chemise blanche, col relevé et ouverte jusqu'au diaphragme, cet accoutrement me faisant immanquablement ressembler à un Bernard-Henri de pacotille, mais je suis moi aussi un trentenaire romantique et révolté, désabusé par le monde, puissent les éditions du Diable Vauvert m'accorder un jour les faveurs de leur comité de lecture.

                                       

Je vais la soumettre à ce cher Frédéric, avec le secret espoir qu'il ne se souvienne pas de notre dernière rencontre, bien peu glorieuse et dont je vais derechef vous faire la narration.

 

C'était il y a quelques années, au sortir d'un Grand Prix Stratégies au Palais des Sports, l'évènement annuel d'autocongratulation publicitaire, où les créatifs de tout poil dont nous faisions à l'époque partie viennent se rincer à l'œil en compagnie de stagiaires à petit cul venues en ce lieu de débauche traquer la carte Infinite, summum absolu pour régler ses achats chez Colette ou, plus fréquemment, réaliser des traits de coke dignes de ce nom.

J'étais en voiture avec cet enfant terrible de la Young & Rubicam, auteur des merveilleuses affiches Wonderbra, j'ai bien dit dans les yeux, petits cochons, et qui devait en être éjecté peu de temps après suite à la parution de « 99 francs ».

 

Torché comme rarement, par les vertus de la vodka gracieusement offerte par ce magazine destiné aux professionnels de la publicité, les annonceurs se contentant généralement de la lecture de son concurrent CB News, ce qui confirme le phénomène d'autocongratulation évoqué plus haut, je tentais péniblement d'entretenir la discussion avec le flamboyant Germanopratin que le hasard avait placé sur la banquette arrière de la Golf dans laquelle je me trouvais.

 

Afin sans doute de le persuader que je m'intéressais à lui, je demandais benoîtement des nouvelles de sa femme, dont je connaissais l'existence grâce à la lecture assidue de Vogue, fleuron des Editions Condé Nast dont le serial clubber en question était apparemment intime.

 

Erreur, ânerie, magistral coup dans l'eau, il me fut répondu que si je souhaitais avoir des nouvelles de ladite personne, je devais me rapprocher au plus vite de Guillaume Durand, plus à même de m'apporter des précisions sur une personne dont il partageait la vie depuis quelques temps.

 

La gaffe, la réponse qui vous remet brutalement en place et vous fait regretter amèrement d'avoir ouvert la bouche. Je me tassai dans mon siège jusqu'à l'arrivée rue Princesse, chez Castel, à l'entrée duquel je fus refoulé sans ménagement, vu mon état, ne disposant pas de la carte de membre du « Caca's Club », dont l'adoubé de Françoise Verny fut le fondateur, et qui seule permet de franchir le barrage de Nounours, le cerbère inflexible, avec plus d'un gramme et demi d'alcool pur par litre de sang.

 

Je tiens à préciser qu'en me laissant pousser les cheveux et le menton, je pourrais désormais sans encombres accéder à la cave rococo en état d'ébriété avancée, mais j'ai décidé de ne plus fréquenter le Cercle de Saint-Germain-des-Près depuis que j'ai appris qu'on pouvait y croiser des sous-produits de la téléréalité, dommages collatéraux inévitables de notre affligeante sous-culture cathodique. Vengeance mesquine que ma petite sœur, évacuée des lieux il y a peu parce que son esprit festif ne présentait pas une parfaite corrélation avec celui du tenancier, doit partager et dont je me fais le zélateur zélé.

 

C'est ainsi que je quittais l'aimable brushé. La prochaine fois qu'un sort malicieux me placera sur sa route, j'essayerai de marcher sur des œufs. J'éviterais, par exemple, de lui demander une rubrique dans l'Hypershow, son émission avortée, massacrée par des critiques insensibles au 73ème degré d'un Monsieur Pringle vociférant des insanités que les oreilles du public sont incapables de jauger correctement : je rends hommage à ce Cyrano du XXIième siècle, dont l'excroissance mentonnière me font dire que, pédant dans la soie, elle est à rapprocher de l'animal seul, Monsieur, qu'Aristophane appelle Hippocampéléphantocamélos, et qui dut avoir sous la bouche tant de chair sur tant d'os …

 

Si le splendide plumitif n'en veut pas, je la servirai à d'autres. Je l'enverrai à quelque média radiophonique ou de presse écrite, usant de l'imposture en me faisant passer pour le fruit des amours de Pierre Desproges et de Sylvie Joly, pour dénicher un poste de nègre.

                                                                                                               

Il n'y a pas de sot métier, et les nègres, ces travailleurs de l'ombre, restent les alliés incontournables de ceux qui ont eu un jour du talent, mais ne trouvent plus le temps d'en avoir.

 

Voilà, ce soliloque est désormais fini, mais comme le dit le dicton Danois, tout a une fin, sauf le saucisson qui en a deux.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
M
Ca fait mal ! mais entre nous, c'est tellement bon ! A quand la chronique quotidienne dans nos journeaux ou sur les ondes ?
Publicité